Etre ethnologue ou anthropologue est certainement une attitude, un positionnement, avant d’être une profession.

C’est d’abord être sensible aux différences et avoir le désir de les partager. Beaucoup de personnes au monde sont dans cette attitude, la vivent au quotidien sans nécessité de la formuler, de la « verbaliser ».

Alors que je donnais des cours d’alphabétisation à des femmes étrangères, il y avait là, dans le cours, une jeune femme d’Afrique de l’Ouest.

Pour reprendre les termes d’Eric Chauvier, dans lesquels je me suis totalement retrouvée, « l’éclat de (cette rencontre) constitue le fondement premier de ce que l’on pourrait nommer, en libérant ce mot de tout académisme pour ne garder que sa valeur expérimentale, sa valeur d’épreuve, épreuve du générique dans l’éclat d’une aventure singulière, dans la douleur de se trouver déraciné devant cette (jeune femme), elle-même déracinée au plus haut point, puis dans la dislocation d’un lien coutumier au monde, puis dans la dispersion d’un langage devenu injustifié, puis dans la dissolution d’une norme qui valait jusqu’alors au seul motif d’exister, puis enfin et surtout dans le malaise d’être là : une anthropologie » (Eric Chauvier, Anthropologie, éd. Allia, 2006).

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